Controverses (toujours d’actualité en 2019)
Conférence de consensus sur la prise en charge de la dermatite atopique de l’enfant
Octobre 2004 Paris
L’organisation de cette conférence a été parfaite, sous la direction du Pr Jean-Philippe Lacour.
Trois choses importantes ont été rapportées
1° la recherche bibliographique n’a trouvé aucune étude démontrant le bienfait de l’utilisation de produits cosmétiques dans le traitement de la dermatite atopique.
2° le dermatologue-expert chargé du sujet « mesures adjuvantes » a dit clairement que rien ne montrait l’intérêt d’utiliser des émollients pour traiter une dermatite atopique. Aucune intervention n’est venue contredire cet exposé.
3° l’immunologiste-expert chargée de l’allergie alimentaire a démontré le rôle déclencheur des aliments-allergènes sur les premières poussées de dermatite atopique du tout petit. Les témoignages d’autres spécialistes présents dans la salle sont venus s’ajouter positivement à cette expertise.
Or...les Conclusions produites par le Jury affichent le contraire de ces exposés !
« Normal nous a dit laconiquement un membre du jury...il fallait s’y attendre... »
Cette Conférence de Consensus n’a pas reçu le label ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation de Santé).
En dermatologie, sur le sujet « dermatite atopique », on tourne en rond...et ce n’est pas au profit du patient.
Pour comprendre les enjeux, reparlons des « mutations de la filaggrine » (mut-flg)...voir les pièges
A partir de la découverte mut-flg, on a créé en France un concept simpliste et d’apparence scientifique.
Tout d’abord les quelques patients-DA concernés sont devenus 100% des patients !
Puis on a occulté le fait que les spécialistes internationaux ne trouvaient pas d’association mutations de la filaggrine et entrée dans la dermatite atopique.
Il s’en est suivi une communication large vers les patients, les médecins, les étudiants-médecins, les journalistes...et avec le soutien puissant des industries du cosmétique qui ne demandaient que ça : renouveler leurs arguments de « murs de briques constitutionnellement fissurés ».
Ainsi, dans les régions voit-on l’organisation de symposium-DA où interviennent des spécialistes et où l’on délivre aux médecins des supports joliment imagés destinés à « l’éducation thérapeutique du patient » : cette peau est naturellement défectueuse et laisse entrer les allergènes qui font la DA de votre enfant ou votre DA. Il faut la restaurer en appliquant des émollients.
On a même vu et entendu un chef de service en dermatologie pédiatrique affirmer sur France Info et France 2 que « la DA n’était pas une maladie immunologique ni allergique » !
Une vidéo de l’interview a été mise en ligne sur un site de la cosmétique industrielle qui se veut « éducatif ».
Philosophiquement ça veut dire quoi ? Que le patient est considéré comme dépourvu de neurones, qu’on peut dire n’importe quoi au journaliste, tant le sentiment de « puissance médicale » peut faire s’imaginer dominant.
« Etudes »
Il se fait régulièrement des études nouvelles sur tout.
Ensuite, on lit des textes qui relatent ces études avec plus ou moins de détermination.
Sur la DA, il en résulte parfois des théories surprenantes, qui apportent une nouveauté séduisante.
Ces théories attractives sont reprises dans des textes de « spécialistes », sont colportées de symposiums en communiqués jusqu’à la presse « grand-public ».
Ainsi, une théorie venant de nos voisins suisses voudrait que la DA vraie n’apparaisse qu’après l’enfance.
La DA du nourrisson liée aux allergènes alimentaires ne serait pas une vraie DA...parce qu’on n’en trouve pas les IgE spécifiques...(!)
Donc, malgré des bases connues cliniquement et scientifiquement depuis au moins trois décennies, on tergiverse, on détourne, on invente, on affirme...et on publie !
Publications reprises comme boule de neige, sans cohérence avec l’expression clinique de la pathologie.
Information sur les IgE : chapitre Pile et Face
Réfléchissez
avant d’utiliser un acaricide en pulvérisateur. Ces produits sont très utiles dans un lieu infesté, ancien et inhabité depuis longtemps. Ils ne sont pas obligatoirement nécessaires dans le logement habituel. Il faut savoir qu’ils sont toxiques. Ils ne doivent pas être utilisés par l’atopique lui même (ils sont déclencheurs de crises). J’ai moi-même fait mon unique broncho-spasme, il y a 4 ans, en essayant une bombe acaricide qu’un labo m’avait adressée. Ah qu’elle est compliquée la vie d’un atopique !
Les Polyuréthanes
Ils sont à éviter lors de l’acquisition de housses anti-acariens, principalement les housses de traversin et d’oreillers : notre épiderme est trop proche de ces matériaux aux composants complexes qui nous font réagir (solvants). De plus, ils sont « sonores ».
Choisir des oreillers en synthétique, et les recouvrir de 2 housses en coton qui passent en machine toutes les semaines.
Attention : si les oreillers sont lavés en machine, ils se chargent de particules de lessive, particules irritantes, petits nuages de lessive…
Le passage en lave-linge des oreillers doit se faire sans lessive.
Rappel : les housses anti-acariens des matelas ne sont obligatoires qu’en cas de matelas en laine.
Pour un matelas moderne, en synthétique : utiliser un molleton en coton sous le drap. Ce molleton sera lavé régulièrement (avoir 2 molletons).
Le drap et le molleton bloquent le passage de nos squames. Les acariens qui par hasard se déposeraient sur le coutil du matelas ne trouveraient pas de quoi se nourrir. Il est conseillé de passer l’aspirateur sur les matelas régulièrement, tout comme sur les fauteuils et canapés.
Faut pas croire !
Au sujet des chats et des chiens : j’ai eu durant 25 ans soit un chien, soit un chat. J’étais ce qu’on appelle une « atopique asymptômatique », c’est-à-dire sans symptômes (ni eczéma, ni asthme, ni rhinite, ni conjonctivite). Je pouvais être bourrée d’IgE, mon système immunitaire s’activait dans le bon sens, et restait de marbre aux appels des allergènes.
C’est la mise à plat médicamenteuse de mon système immunitaire qui a révélé mes sensibilisations : après le développement d’ infections, il s’est activé dans le sens qui le titillait le plus, tout d’abord vers les toxines bactériennes streptococciques, puis les allergènes des animaux, puis ceux des végétaux ; mon épiderme réagit aussi aux vêtements en soie, alors que j’en ai porté durant deux décennies.
Aujourd’hui, ma peau est souple et douce.
Mais gare à l’inhalation des pollens printaniers !
Mais gare aux animaux du compartiment du train !
Tests et tests
Quand j’allais très mal, ma peau fabriquait une urticaire très énervante au contact du latex. Puis sur une longue période, elle n’a plus réagi. Il y a quelques mois, boum ! lésion au contact du sparadrap habituel. Quinze jours plus tard, belle et large plaque d’urticaire à partir du latex de mon soutien gorge. Puis, plus rien.
1) Réfléchissons à l’acquisition de la tolérance cutanée.
2) Réfléchissons aux variations de cette tolérance.
3) Réfléchissons au sens des tests allergologiques.
4) Par extension, réfléchissons à l’acquisition, au maintien et à la rupture de la tolérance digestive.
Cortisone per-os
Ça a été dit à nos Journées de Lyon : « la cortisone par voie générale est contre-indiquée pour traiter une dermatite atopique ».
Ajouté à cela, nous, Afpadiens, nous pensons : tout traitement immunosuppresseur per-os n’est pas indiqué pour soigner une D.A..
Soleil !
Il peut être dit, en cure thermale << Mettez moi tout çà au soleil !>> Tout çà, c’est un prurigo, des boutons rouge-violet . Il s’agit d’infection latente…et, sous le soleil, tout çà explose et s’aggrave : les UV induisent une immunosuppression, ce qui est en contradiction avec le geste de guérison.
Le diagnostic d’une dermite séborrhéique (DS) est souvent confondu avec la dermatite atopique chronique d’une personne atopique. Le visage et le cou sont rouge, le cuir chevelu démange souvent. Le champignon, cause de la dermite séborrhéique (Malassezia furfur) prolifère en milieu alcalin, également avec les crèmes cosmétiques. Aussi, lorsqu’une eau thermale a un pH alcalin (+de 7), elle ne convient pas pour les zone concernées par la DS.
Sur ces zones, une eau au pH acide ou une eau déminéralisée (sans parfum) sont les bienvenues.
Test à l’arachide
Ou, lorsque le parent voit tout trouble
Tatiana est une très jolie atopique de 6 ans.
Elle souffre beaucoup de son eczéma depuis ses premières semaines. Et sa maman souffre aussi de l’eczéma de sa fille.
Elles arrivent dans un centre spécialisé sur la recherche d’allergies alimentaires.
Là, le test à la cacahuète est, entre autres tests très réactif.
Le professeur parle alors de l’extrême gravité de la chose, de mort possible ; elle interdit la cantine, et conseille à la maman de trouver une personne qui viendra chez elle donner à Tatiana le plateau que sa maman aura préparé tout exprès.
Les années passant, la maman parle régulièrement des efforts fournis, de ce test cutané terrible à l’huile d’arachide, et de l’inflammation quasi immédiate de la peau de Tatiana. D’ailleurs Tatiana qui a maintenant 10 ans est devenue terrorisée par l’idée du risque allergique.
Je m’interroge, car nous n’en sommes plus aux premières années, et nous savons que les tests de réintroduction de l’huile d’arachide ainsi que son application ne présentent pas de réactions positives.
Alors, je dis : « Comment s’est passé ce test à l’arachide ? »
La maman me répond : « Lorsque j’ai téléphoné pour prendre RV, on m’a demandé d’apporter de l’huile d’ara… » Silence… «…mais non, on ne m’a pas demandé de l’huile d’arachide, on m’a demandé d’apporter des cacahuètes»…silence… « on les a écrasées devant moi, puis avec un coton, on en a déposé sur le menton de Tatiana juste sous la bouche…»
Stupeur ! c’est une révélation pour la maman et pour moi-même : dès cette consultation, la maman, effrayée par le message d’extrême gravité, avait transformé la nature du test de sa fille : d’un allergène réel et bourré d’histamine (la cacahuète), elle avait inconsciemment glissé vers l’idée de son composé, l’huile raffinée, sans protéine allergisante.
Cette modification mentale a duré quatre années. Quatre années à répéter que Tatiana avait réagi violemment à l’huile d’arachide déposée sur sa peau. Quatre années à paniquer lorsque la trousse d’urgence était oubliée à la maison.
Et pour moi, des années de troubles sur ce que me disait la maman de Tatiana !
Haut de page